Une histoire de deux chevaux, Écrit par Pawel Fortuna, KUL
Imaginez qu’à chaque fois que vous vous préparez à accomplir une tâche ou à atteindre un objectif spécifique, vous montez à bord de la calèche de la motivation par l’accomplissement, tirée par deux chevaux très différents. Bien que leurs noms et leurs robes soient laissés à votre imagination, disons pour l’instant que l’un des chevaux est noir et l’autre alezan. Le Noir est plein d’énergie, tandis que l’Alezan est calme, renfermé et légèrement tendu.
Le cheval noir vient de l’écurie « Espoir de réussite ». Il est motivé pour être le premier à franchir la ligne d’arrivée, désireux de montrer à tous sa force et sa compétence. L’alezan, quant à lui, vient de l’écurie « Peur de l’échec ». L’objectif principal de ce cheval est d’éviter la gêne de la défaite et de se protéger de la souffrance qui accompagne l’échec.
Comme on peut s’y attendre, Noir veut tirer l’attelage de toutes ses forces, déterminé à gagner car pour lui, seule la victoire compte. Alezan, lorsqu’il le juge nécessaire, tire lui aussi la calèche, mais sa définition du succès n’est pas la victoire, mais plutôt d’éviter la défaite. Alezan serait même soulagé si la course était annulée à cause du mauvais temps, d’une maladie ou d’une autre urgence. Noir, lui, ne comprend pas la réserve d’Alezan et insiste souvent avec le refrain : « Pourquoi trop y penser ? Il suffit d’agir ! » Alezan, en revanche, soupire et murmure : « Facile à dire pour toi… ».
Bien que ces deux chevaux s’affrontent souvent, ils sont destinés à travailler ensemble. Et en tant que cocher, vous êtes chargé de les guider. Il est important de comprendre que les deux chevaux sont essentiels pour votre voyage vers le succès. Le noir est de nature impulsive, tandis que l’alezan est plus hésitant, et vous n’y changerez rien. Avec le temps, cependant, vous apprendrez qu’il est sage d’écouter les deux.
La voix du cheval de l’écurie « Espoir de réussite » est essentielle pour se fixer des objectifs. Le noir aime les projets ambitieux, savoure le plaisir de galoper et se réjouit d’avoir atteint son but. Alezan, de l’écurie « Peur de l’échec », a tendance à se plaindre avant de commencer – c’est dans sa nature – mais pendant cette phase, vous n’avez pas besoin de trop l’écouter. La véritable valeur d’Alezan s’exprime lorsque vient le moment de planifier l’itinéraire. Il excelle à prévoir les obstacles, à prévenir les erreurs et à s’assurer que le chemin est aussi droit que possible. Si vous laissez l’enthousiasme de Noir vous guider sans la planification prudente d’Alezan, vous risquez de trébucher au premier caillou, car Noir adore crier « Tout ira bien ! ». Cependant, les choses n’iront vraiment bien que si l’objectif que vous atteignez vous rend heureux.
Les gens commettent souvent l’erreur de penser que la réussite consiste à monter sur le podium, que le simple fait d’atteindre le sommet est la plus grande des récompenses. Pourtant, il peut être extrêmement douloureux de gagner une course, mais de se sentir épuisé et seul. Le véritable succès apporte de la joie, renforce l’estime de soi, ouvre de nouvelles perspectives et se partage avec les personnes que l’on aime. Lorsque vous franchissez une ligne d’arrivée entouré de personnes célébrant votre victoire avec vous, le succès prend alors tout son sens. Sinon, ce n’est qu’un trophée brillant mais creux qui vous rappelle le prix à payer pour gagner : perdre ses amis et se sentir vide. En adoptant à la fois l’enthousiasme de Noir et la prudence d’Alezan, vous pouvez encourager une motivation positive de l’accomplissement, en vous assurant que vos réussites mènent non seulement au succès sur le plan personnel, mais aussi à une vie remplie de bonheur et de liens.
Photo de Thibault Carron.